Les producteurs ont du talent : la ferme du bois Régnault

Les producteurs ont du talent
Série de mini interviews
La boutique de la ferme des Clos est devenue une véritable caverne d’Ali Baba.
On y retrouve de nombreux produits de producteurs ou d’artisans, pour la plupart issus de l’agriculture Biologique. Qui sont ces personnes qui se cachent derrière tous ces délices ? Quels trésors de bienfaits renferment-ils ?  Comment travaillent-elles ?
Pour la 1ere interview, nous sommes allés rencontrer Corinne à la ferme du Bois Régnault, à Etampes.

Ferme des Clos : bonjour Corinne, pouvez-vous vous présenter ?
Corinne Godeau
 : René, mon mari, s’est installé sur la ferme familiale en 1984.  La ferme du Bois Régnault se situe sur un plateau séchant entre deux vallées, sans irrigation.
Nous avons converti l’exploitation en agriculture biologique en 2001.
Notre fils Léo nous a rejoint en 2016 à mi-temps étant également pompier volontaire.

FdC : que produisez-vous ?
CG :
nous produisons des légumes secs (lentille verte, pois chiche, haricot sec blanc/rouge/noir/azuki, pois cassé), des céréales (blé, orge, millet avoine), du quinoa, du sarrasin et de la cameline.

FdC : pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouveau produit, le haricot azuki ?
CG
 : C’est la légumineuse la plus consommée au Japon après le soja et comme la plupart de ses cousins, l’azuki est riche en fibres, en protéines et en glucides complexes. Il est notamment utilisé dans la confection de la pâte anko, pâte sucrée utilisée dans les mochi ou daifuku. Mais il peut être consommé salé.

FdC : il est reconnu que les légumes secs ont de multiples bienfaits nutritionnels. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
CG :
Oui une multitude en effet !  Les légumineuses sont notamment riches en glucides, véritables carburant du cerveau et des muscles, sans gluten, ont un apport en protéines si elles sont associées à des céréales (millet, quinoa, etc.). Elles sont riches en vitamines, magnésium, fer, calcium, potassium et zinc, riches en fibres et diminuent l’absorption des graisses et du cholestérol. Elles sont peu coûteuses car, une fois réhydratées, elles doublent de volume et sont nos alliées car leur indice glycémique est bas : pas de fringale, ni de stockage !

FdC : ces produits nécessitent une durée plus ou moins longues de trempage. C’est souvent ce qui gêne les consommateurs. Avez-vous des conseils à leur donner ?
CG
 : bien sûr, vous avez raison, mais il est possible d’y remédier en préparant à l’avance une grosse quantité de légumes secs et de la congeler, après cuisson, en petites quantités, utilisables à la demande presque instantanément.
J’en profite pour informer vos lecteurs que notre quinoa nécessite d’être lavé plusieurs fois avant la cuisson afin d’éliminer la saponine qu’il produit pour se protéger des prédateurs en lui donnant de l’amertume.

FdC : depuis 6 mois jusqu’en avril, l’épisode de pluie n’a échappé à personne. Comment l’avez-vous vécu ?
CG :
nous avons de grandes inquiétudes sur l’avenir de notre métier. Les aides au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées, le prix du blé a été divisé par deux et ne permet plus de dégager de revenu. Les conditions climatiques ne nous permettent pas de travailler… A l’automne, nous avons modifié notre assolement car nous n’avons pas pu tout semer. Aujourd’hui, nous avons un mois de retard dans nos semis, ce qui aura forcément ddes conséquences sur la croissance des plantes…La pluie incessante rendait les champs impraticables et le peu de jours où il ne pleuvait pas ne nous permettaient pas de commencer le travail. En temps normal (même si la normalité n’est plus de mise…), nous sommes dans les champs début mars et cette année, nous avons commencé mi-avril.
D’autant qu’avant les semis, il faut préparer les champs en passant quelques outils pour retirer les adventices qui les recouvrent… 
La météo est imprévisible. Il est possible que nous ayons brutalement un arrêt de la pluie pour plusieurs mois et de fortes hausses de températures. Nous ne sommes pas à l’abri de manquer d’eau dans les mois à venir. Nous ressentons chaque année l’impact du changement climatique et il est difficile de s’adapter car c’est à chaque fois différent ».

FdC : pourquoi choisir de cultiver en Bio, malgré les contraintes ?
CG
 : utiliser des pesticides est dangereux pour la santé, pour la biodiversité, pour les pollinisateurs indispensables à la reproduction d’une grande majorité des plantes à fleurs de la planète. Il est tout à fait possible d’éviter les maladies et insectes dévastateurs par la rotation des cultures, différentes chaque année sur une même parcelle.
Cultiver en bio, c’était revenir à l’essence même du métier de paysan, celle du sol, de l’agronomie.
La PAC a peu à peu entraîné le monde agricole à produire toujours plus, en développant des semences plus productives au détriment des autres (telles que celles des blés anciens plus digestes et moins chargés en gluten. Nous avons voulu sortir de cet engrenage.
Il y a, bien sûr, plus de travail du sol, presque toute l’année. C’est un élément à prendre en compte car il y a peu de répit. Le travail dans les champs c’est la météo qui décide, donc peu de week-end et de vacances.

FdC : malgré les difficultés rencontrées, qu’est-ce qui vous donne l’énergie de poursuivre cette aventure ?
CG : la bio, c’est du bon sens ! Transmettre à notre fils nos valeurs est important pour nous. Travailler en agriculture biologique donne une plus grande liberté d’action, l’envie d’entreprendre et de faire pousser de nouvelles cultures adaptées au climat. La bio permet de garder de la curiosité et a donné du sens à notre métier, en respectant la terre nourricière mais aussi l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire (insectes, oiseaux, végétaux…)
Ce qui nous encourage à continuer, ce sont les retours positifs que nous avons des consommateurs. Le fait d’avoir proposé nos différentes productions aux AMAP a donné encore plus de sens à notre métier. Nous sommes heureux de faire partie des produits locaux proposés à la boutique de la ferme des Clos avec qui nous partageons le respect de la nature et du vivant.

En bonus, 2 Recettes légumineuses (boulettes d’haricots azuki et carrés de citron)

 

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